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Les grands auteurs

Gustav Cassel (1866-1945)

est un économiste suédois dans la lignée des auteurs de l’école classique. On le connaît en particulier pour être cité par John Maynard Keynes dans son Tract on Monetary Reform (1923). Il écrit en particulier The Theory of Social Economy (1967) ou encore un Traité d’économie politique (1929). Il est appelé à participer à de nombreuses discussions autour des problèmes monétaires des années 1920 et 1930. On lui doit en particulier le concept de parité des pouvoirs d’achat ou PPA dans deux articles de 1916 et 1918. Selon ce principe, le taux de change entre deux monnaies s’établit au niveau qui assure deux pouvoirs d’achat identiques entre deux pays, à la conversion de leur monnaie près. Autrement dit, si un agent économique peut, moyennant une conversion de sa monnaie en une monnaie étrangère, acheter un même bien, moins cher dans cet autre pays, alors cette autre monnaie va s’apprécier tandis que sa monnaie va se déprécier. Cet arbitrage prendra fin au pair des pouvoirs d’achat.

 

Rudiger Dornbusch (1942-2002)

est un économiste allemand ayant fait sa carrière aux Etats-Unis, en particulier à Chicago et au MIT. Il est auteur d’un manuel de macroéconomie qui a fait date. Il décrit en 1976 le phénomène de surréaction (overshooting) du taux de change, pour expliquer que celui-ci peut s’éloigner à court terme de la valeur déterminée par ses fondamentaux. Il l’explique par le décalage qu’il peut exister entre l’adaptation des mouvements de capitaux et ceux de biens et services suite à une variation du taux de change.

 

Eugène Fama (1939- ) (Nobel 2013)

est un économiste américain de l’université de Chicago. Il s’intéresse en particulier à la compréhension de l’évolution du prix des actifs financiers. C’est le cas dans sa thèse de doctorat publiée en 1965 intitulée The behavior of Stock Market prices. Il prend alors l’hypothèse d’efficience des marchés financiers : Dans cette configuration, les agents économiques rationnels incorporent immédiatement toutes les informations disponibles dans leurs choix d’acheter et de vendre des actifs. Autrement dit, l’information est supposée circuler parfaitement, les agents ayant aussi la capacité de la lire, de l’interpréter, d’agir en cohérence. Les prix, « justes » évoluent ainsi selon une marche aléatoire, en fonction des surprises qui peuvent survenir sur ces marchés. Cet économiste est un partisan de la libéralisation des marchés de capitaux, source d’efficience. Il est aussi considéré comme à l’origine de nouveaux outils de la finance de marché.

 

Milton Friedman (1912-2006) (Nobel 1976)

est un économiste américain, fondateur de l’école de Chicago, chef de file des monétaristes, ou encore représentant des écoles dites néolibérales. Outre une actualisation de la théorie quantitative de la monnaie (considérée comme une loi à l’égal des lois physiques), on lui doit en particulier dans son article The Case for Flexible Exchange Rates (1953) un manifeste pour les systèmes de change flexibles ou flottants. Selon lui, eux seuls peuvent assurer un ajustement entre les pays inflationnistes (considérés comme vertueux sur le plan de leur politique monétaire) et pays non inflationnistes. Le taux de change s’appréciera pour les premiers, se dépréciera pour les seconds.

 

Eli Heckscher (1879-1952)

est un économiste suédois. Comme d’autres représentants de l’école de Stockholm, il s’est illustré dans les questions d’économie internationale. En particulier, il affirme que le commerce international, mutuellement profitable, trouve sa source dans les avantages comparatifs tirés de dotations factorielles différenciées suivant les pays. Elève de Gustav Cassel, on le considère également comme un des théoriciens des bulles spéculatives.

 

John Maynard Keynes (1883-1946)

est un économiste anglais de Cambridge. On le cite le plus souvent pour sa théorie des crises, comme économiste de la demande ou encore du sous-emploi persistant. Pourtant son originalité réside davantage dans la place qu’il a accordée à l’incertitude dans les choix économiques, dès sa thèse sur les probabilités (publiée en 1921). Il examine en particulier son impact sur les choix financiers des agents. Dans La théorie générale sur l’emploi, l’intérêt et la monnaie (1936) il compare leurs comportements à ceux des participants à un concours de beauté : Ils ont tendance à se caler sur les choix présumés des autres pour acheter ou vendre, ce qui conduit à la formation de bulles.

Par ailleurs, on le considère comme étant à l’origine de la théorie dite de la PTI (parité des taux d’intérêt) dans le Tract on Monetary Reform en 1923.

Enfin, c’est un économiste engagé qui va participer, entre autres, à la réflexion autour des questions monétaires internationales au sortir de la seconde guerre mondiale. La délégation britannique est ainsi porteuse du plan « Keynes » lors des discussions de Bretton Woods en 1944. Ce plan inclut l’adoption d’une monnaie internationale, le « bancor », ainsi que l’édification d’un embryon de banque centrale internationale dite « clearing union ». C’est le plan proposé par la délégation américaine d’Harry Dexter White (1892-1948) (c’est un économiste du Trésor américain) qui sera adopté au final.

 

Richard Meese et Kenneth Rogoff (1953-),

deux économistes américains, sont à l’origine d’un article de 1983 intitulé Empirical Exchange Rate Models of the Seventies: Do they fit out of sample? Il s’agit d’une étude portent sur la validité empirique des modèles de determination des taux de change, à savoir PPA, PTI, modèle monétaire, pour le dollar, par rapport au yen, à la livre sterling et au Deutsch Mark. Ils concluent sur le caractère non opératoire de ces différents modèles. L’hypothèse la plus valide est celle d’une marche aléatoire. Kenneth Rogoff a été économiste en chef du fonds monétaire international de 2001 à 2003.

 

Robert Mundell (1932-) (Nobel 1999)

est un économiste canadien, à l’origine d’une extension en économie ouverte du modèle IS-LM, avec Marcus Fleming (articles indépendants, à partir de 1960). Le modèle « IS-LM-BP » intègre le commerce international, la dynamique du taux de change et les mouvements internationaux de capitaux. Il permet d’analyser dans un cadre théorique élargi les effets des politiques conjoncturelles. Une partie de ses conclusions est schématisée dans le « triangle de Mundell ».

On lui doit également la théorie des zones monétaires optimales (article de 1961), qui a connu ensuite de nombreux développements. Une zone géographique (plusieurs Etats ou régions) est dite monétairement optimale si elle est propre à accueillir une même monnaie ; autrement dit si elle peut se passer d’outils monétaires indépendants. Les critères qui la définissent sont : l’absence de chocs asymétriques ou encore la mobilité des facteurs de production.

 

André Orléan (1950- ) et Michel Aglietta (1938- )

sont deux économistes français membres de l’école de la régulation et spécialistes des questions monétaires et financières. Ils ont en particulier écrit ensemble La violence de la monnaie (1982), ou La monnaie entre violence et confiance (2002). Ces ouvrages mettent l’accent sur les dimensions politique et sociale de la monnaie, considérée souvent, à tort selon eux, comme un simple instrument de facilitation des échanges. La monnaie est ainsi à la source de la société de marché. Si l’on considère ensuite la dimension internationale, ils soulignent les risques associés à un développement incontrôlé de la sphère financière. Celui-ci fait porter des risques importants sur les économies tout entières (risques qualifiés de systémiques), en particulier du fait des comportements mimétiques des agents économiques favorisant la formation de bulles.

 

David Ricardo (1772-1823)

est un économiste britannique de l’école classique. Son œuvre clef est en particulier Des principes de l’économie politique et de l’impôt (1817). On lui doit une théorie de la valeur rejetant le rôle de l’utilité, la description d’une marche vers l’état stationnaire, ou encore une justification des échanges internationaux par la spécialisation selon les avantages comparatifs des pays. Il s’intéresse également aux questions monétaires, se situant du côté des quantitativistes ou encore de ceux qui plaident pour le « currency principle » c’est-à-dire la stricte convertibilité d’une monnaie en or pour asseoir sa valeur. On considère également qu’il a inspiré la théorie de la PPA : celle-ci repose en effet sur la théorie quantitative de la monnaie (la monnaie est utilisée et convertie pour effectuer des transactions), ou encore la loi du prix unique d’un bien de part et d’autre d’une frontière.

 

Jacques Rueff (1896-1978)

est un économiste français libéral, co-fondateur de la Société du Mont Pèlerin. Il s’est ainsi souvent opposé aux idées de Keynes, en particulier sur le chômage ou la monnaie. Il est souvent conseiller du prince, sous la présidence de Poincaré dans les années 1920 ou de De Gaulle à partir de 1958. Il appelle de ses vœux une monnaie convertible ainsi que la suppression du contrôle des changes, amorcés lors du plan dit « Pinay-Rueff ». C’est aussi un partisan du marché commun.

 

Paul Samuelson (1915-2009) (Nobel 1970)

est un économiste américain du MIT. Il est considéré comme un des pères de la synthèse néoclassique (IS-LM-Courbe de Phillips) ou encore de la microéconomie moderne. Il y a contribué en particulier à travers des manuels d’économie qui ont fait date comme les Foundations of Economic Analysis en 1947. Il est également à l’origine du concept d’oscillateur, synthèse du multiplicateur et de l’accélérateur ou encore de l’usage systématique des modèles mathématiques en économie. Ses apports sont également importants en économie internationale

 

Joseph Stiglitz (1943-) (Nobel 2001)

est un économiste américain en particulier au MIT. Il est un des représentants du nouveau keynésianisme, qui vise à trouver des fondements microéconomiques aux déséquilibres macroéconomiques. Il s’intéresse en particulier aux asymétries d’information, sources de rigidités. Celles-ci entrainent la permanence des déséquilibres. La théorie du salaire d’efficience en est une illustration. Les marchés ne fonctionnent ainsi pas de manière optimale, les échanges peuvent en être remis en cause. Il prend l’exemple du marché du crédit.

Ses travaux concernent aussi l’économie du développement, il est d’ailleurs un temps économiste en chef de la banque mondiale. C’est fort de cette expérience qu’il écrit La grande désillusion en 2002, dans laquelle il met en doute la capacité du commerce international à être mutuellement profitable.

De façon plus récente, il revient sur la crise financière de ces dernières années dans Le triomphe de la cupidité en 2010, montrant les risques associés à la mondialisation financière sans discernement.

 

John Williamson (1937-)

est un économiste américain. On lui doit la notion de taux de change d’équilibre fondamental entre deux monnaies, en particulier dans un article de 1983. Ce taux de change est celui qui permet à la croissance économique d’être à son niveau potentiel de plein emploi des facteurs de production, compte tenu de leur productivité. Il est ainsi un niveau souhaitable car compatible avec les grands équilibres, externes et internes d’une économie. Cet économiste, critique des changes flottants, appelle alors de ses vœux des zones cibles de change pour les monnaies.

En 1990, un chapitre d’un de ces ouvrages intitulé What Washington Means by Policy Reform fait date. Il y décrit les points communs (appelés ensuite consensus de Washington) entre les plans d’ajustement structurels développés par les grandes institutions monétaires et financières internationales. Son approche est plutôt critique de cet ensemble de mesures.

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