Les grands auteurs
Quelques indications : quels sont les auteurs qu’il faut citer et dont il peut être nécessaire de développer les analyses quand on mène une réflexion sur la croissance et les fluctuations ?
Ceux ci sont très nombreux, il s’agit ici de donner quelques pistes
ADAM SMITH (1723-1790)
« Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations »
L’intérêt général est la somme des intérêts particuliers.
La division du travail permet l’augmentation de la productivité et de la richesse.
L’épargne est au cœur de l’économie car elle est la source du capital et que le capital est rare.
Le marché permet la régulation de l’économie en ajustant par les prix les quantités offertes et les quantités demandées.
L’échange international doit être libéré de toute entrave et chaque pays grâce à lui se spécialise en fonction de ses avantages absolus.
MALTHUS (1766-1834)
« Principes d’économie politique »
« Essai sur le principe de population »
Pourquoi citer Malthus quand on s’intéresse à la croissance et aux fluctuations ? Parce que Malthus a mis l’accent sur les rapports entre population et ce qu’il appelle « l’amélioration future de la société », et qu’il est l’un des premiers économistes à donner de l’importance à la DEMANDE comme soutien à la croissance : la demande stimule l’offre.
JEAN-BAPTISTE SAY (1767-1832)
« Traité d’économie politique »
Loi des débouchés : l’offre crée sa propre demande
JB SAY est donc un économiste de l’offre. La croissance est auto-entretenue dès lors que le marché est libéré de toute entrave et que les intérêts privés sont protégés. Si l’Etat est un mauvais entrepreneur, JB SAY ne recommande pas pour autant sa disparition : son rôle doit être justement de veiller au respect des intérêts privés.
Par ailleurs la monnaie n’est pas demandée pour elle-même mais pour ce qu’elle permet de se procurer comme biens réels, c’est l’idée centrale de la neutralité de la monnaie qui va être discutée et critiquée par la suite : Sismondi, Marx considèrent qu’on peut demander de la monnaie sans vouloir immédiatement la dépenser et Keynes insiste sur le désir de liquidité des agents économiques et sur leur désir de spéculation.
MARX (1818-1883)
« Le capital »
L’origine de la valeur est la quantité de travail incorporée dans les marchandises. Elle se compose d’un travail vivant et d’un travail mort. L’exploitation des travailleurs apparait à travers la plus-value : celle-ci représente la différence entre le prix des marchandises et le salaire payé aux travailleurs et est approchée par le taux de plus value lui-même égal à PLUS VALUE/CAPITAL VARIABLE.
(Le capital variable désigne la valeur de la force de travail, c'est-à-dire ce qui est payé aux travailleurs)
Le taux de profit est quant à lui égal à PLUS VALUE/ (CAPITAL CONSTANT + CAPITAL VARIABLE)
(Le capital constant désigne la valeur des moyens de production)
La concurrence acharnée que se livrent les capitalistes dans ce système de propriété privée des moyens de production les poussent à chercher à augmenter la capital constant en incorporant toujours plus de progrès technique. Il en résulte une hausse de la composition organique du capital (c'est-à-dire du rapport Capital constant/ capital variable) ce qui a pour résultat à terme de faire baisser le taux de profit et entraine les crises capitalistes caractérisées entre autre par la disparition des firmes les plus fragiles englouties par la vague des concentrations, l’augmentation de l’armée industrielle de réserve(travailleurs au chômage)et, à terme, condamne le système capitaliste à sa perte : c est la loi de la baisse tendancielle du taux de profit.
KEYNES (1883-1946)
« La théorie générale de l’emploi de l intérêt et de la monnaie »
Face à la crise de 1929, Keynes, pourtant formé par les économistes classiques notamment C.PIGOU développe une analyse dont l’objectif est de trouver une troisième voie entre la régulation concurrentielle qu’il rend responsable de la crise et le modèle soviétique qu’il critique. L’observation de la croissance et des crises qui se sont succédé depuis le XIXième siècle l’amènent à repenser la question de l’équilibre économique. Le fameux adage « à long terme nous serons tous morts » revient à dire qu’il ne faut pas négliger dans les analyses et les politiques de croissance la dimension de court terme et donc la consommation. Ainsi si l’investissement est central dans l’économie, s’ il est une condition de la croissance, les politiques qui le favorisent ont d’autant plus d’impact que la propension à consommer est plus grande : c’est le message du multiplicateur d’investissement.
Par ailleurs les analyses des conditions de croissance ou des conditions de sortie de crise ne doivent pas négliger le rôle de la monnaie : celle-ci est endogénéisée par Keynes qui en fait un bien demandé pour lui-même, comme n’importe quel autre type de bien, puisque les individus ont une préférence pour la liquidité. Il faut donc bien les rémunérer pour qu’ils s’en défassent : c est le rôle du taux d’intérêt et de la politique monétaire.
Keynes considère par ailleurs que un certain niveau d’ inflation peut être accepté s’il est la condition d’un redémarrage de l’économie. Il va même jusqu’à considérer qu’il peut être salutaire d’augmenter les salaires nominaux quitte à récupérer la hausse en augmentant les prix ! Au moins cela a l’avantage de redonner « le moral » aux salariés tant qu’ils ne découvrent pas que leurs salaires réels stagnent ! C est que le « moral » c’est à dire les anticipations des agents économiques jouent un rôle fondamental dans l’économie, d’autant plus important que les économies sont plus complexes et donc caractérisées par l incertitude.
Enfin, et nous ne développons pas et renvoyons au chapitre relatif aux politiques économiques, Keynes préconise une intervention de l’Etat dans l’économie : mais attention aux caricatures : Les déficits publics ne sont pas le fonctionnement « normal » de l économie. Ils sont un moyen nécessaire pour la relance,(notamment par l’ investissement public) celle-ci étant atteinte, on doit revenir à l équilibre budgétaire.