cours de Classe Préparatoire

10. Les déséquilibres macroéconomiques et financiers

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Les grands auteurs

Irving Fisher (1867-1947)

Irving Fisher est un économiste et statisticien américain né en 1967 à New York. Il a fait ses études à Yale et a été président de l’ « American economic association ». Il a fondé l’ « Econometric association » avec Ragnar Frisch. Il a fait fortune sur les marchés financiers mais la crise de 1929 l’a ruiné. Elle a aussi nui à sa réputation puisqu’il avait estimé en octobre 1929 que les cours des actions en Bourse aux Etats-Unis avaient atteint un « plateau de haut niveau permanent ».

Il a formalisé la théorie quantitative de la monnaie, en 1911. Il sépare monnaie fiduciaire (qu’il note M) et monnaie scripturale (M’) et écrit que MV+M’V’ = PT (ce qu’on appelle l’équation de Fisher). Il montre que la théorie quantitative de la monnaie est vérifiée quand V, V’ et T sont stables mais que ce n’est pas toujours le cas.

Fisher a également travaillé sur les taux d’intérêt et sur l’économétrie.

Au cours des années 1930, il a également développé une analyse de la crise de 1929. Il se base sur le modèle de la « déflation par la dette ». Il montre que les déséquilibres ne s’ajustent pas automatiquement : un déséquilibre de départ peut entraîner des difficultés croissantes. La déflation est un cercle vicieux et il faut l’intervention de l’Etat pour en sortir.

 

Milton Friedman (1912-2006)

Milton Friedman est né en 1912 aux Etats-Unis. Il a travaillé sur les questions monétaires et publié notamment en 1963 une Histoire monétaire des Etats-Unis de 1867 à 1960. Après la publication d’autres ouvrages et des interventions médiatiques, il est devenu l’une des figures emblématiques des économistes libéraux avec F. Hayek. En parallèle à sa carrière universitaire, il a participé en 1950 à la mise en place du plan Marshall et est devenu, dans les années 1960, conseiller de Richard Nixon. Il a reçu le Prix Nobel d’économie en 1976.

A travers une étude statistique de long terme, il met en évidence une corrélation entre la quantité de monnaie en circulation dans une économie et l’inflation. Pour lui, sur la base de la théorie quantitative de la monnaie, l’inflation est « partout et toujours un phénomène monétaire ». C’est sur la base de la pensée de Friedman que s’est fondé le courant « monétariste » qui accorde une grande importance aux phénomènes monétaires pour analyser l’économie. Friedman montre, ainsi, que la crise de 1929 peut aussi s’expliquer par l’intervention de la Fed.

De manière plus générale, il met en avant les limites de l’intervention de l’Etat. Pour étayer cette critique, il propose une réfutation de la théorie keynésienne. Celle-ci se fonde sur le concept de revenu permanent et sur la notion d’anticipations adaptatives. C’est à partir de cette notion qu’il met en évidence les limites de la courbe de Philips.

 

John Maynard Keynes (1883-1936)

John Maynard Keynes est né en 1883 à Cambridge au Royaume-Uni. Son père était économiste. Pendant la première guerre mondiale, il a été conseiller du chancelier de l’échiquier et a travaillé au Trésor. Il s’est fait connaître du grand public en publiant, en 1919 Les conséquences économiques de la paix. Son ouvrage majeur a été Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, publié en 1936. Dans cet ouvrage, il expose sa théorie, basée notamment sur ses observations de la crise de 1929. A la conférence de Bretton Woods, en 1944, il a fait partie de la délégation britannique et a proposé un plan de régulation du système monétaire international basé sur une monnaie internationale de compensation : le « bancor ». Il est décédé peu de temps après, en 1946.

Keynes a d’abord travaillé sur les questions monétaires. Il a mis en avant les différents motifs de demande de monnaie (transaction, précaution, spéculation) et proposé une théorie originale du taux d’intérêt, vu comme le prix de la renonciation à la liquidité.

Cette théorie monétaire, développée dans son Traité sur la monnaie, s’insère dans sa « théorie générale », qui cherche à proposer une vision macroéconomique du chômage. Il développe ainsi une théorie du chômage involontaire, qui est la résultante d’une demande effective insuffisante. Dans ce cadre, l’intervention de l’Etat est nécessaire.

Son analyse est fortement influencée par le contexte de crise. Pour lui, les crises sur les marchés financiers résultent de l’incertitude (situation qu’il ne faut pas confondre avec le risque : l’incertitude n’est pas probabilisable). Dans cette situation d’incertitude, les investisseurs développent des comportements mimétiques qui sont à l’origine des bulles spéculatives. Keynes a influencé de nombreux économistes, on parle aujourd’hui de courant(s) keynésien(s). Son analyse a été la base de la politique économique dans la plupart des pays durant les Trente Glorieuses.

 

Charles Kindleberger (1910-2003)

Charles Kindleberger est né en 1910 à New York en 1910. Diplômé de l’université de Columbia, il a passé sa carrière au MIT. Il était spécialiste de l’économie internationale et surtout d’histoire économique. Ses ouvrages mêlent récit historique et modélisation mathématique. Il a travaillé pour la réalisation du plan Marshall après la seconde guerre mondiale.

Dans son ouvrage de 1973, La grande crise mondiale 1929-1939, il présente une analyse de la crise de 1929 au niveau international. Pour lui, c’est en partie le système monétaire international qui est responsable de la crise. L’instabilité financière est due à l’absence de puissance hégémonique à cette période : la Grande Bretagne occupe une position de première puissance mondiale alors qu’elle n’en a plus les moyens suite à la première guerre mondiale et les Etats-Unis n’assurent pas le leadership qu’ils auraient eu les moyens d’assurer.

Son œuvre la plus connue est Histoire mondiale de la spéculation financière, publiée en 1978. A travers plusieurs exemples historiques, il présente le développement des bulles spéculatives et défend le principe d’un prêteur en dernier ressort.

 

Hyman Minsky (1919-1996)

Hyman Minsky est un économiste né en 1919 à Chicago. Il a fait sa thèse à Harvard sous la direction de Joseph Schumpeter et a aussi travaillé, comme étudiant, pour Wassily Léontief. Il s’inscrit dans le courant keynésien et a consacré un ouvrage à J M Keynes en 1975. Il a dit avoir été fortement inspiré par l’analyse de l’incertitude de Keynes.

Ses travaux les plus connus portent sur l’instabilité financière. Selon lui, il y a un mouvement de surendettement en période de croissance (le « paradoxe de la tranquillité »). A un certain moment, que l’on nomme parfois le moment Minsky, les investisseurs cherchent à rembourser leurs dettes et doivent vendre des actifs, ce qui crée une crise sur les marchés. Son analyse vise à montrer que les marchés sont, par nature, instables et qu’ils doivent être régulés par la puissance publique pour réduire leurs fluctuations.

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