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Les grands auteurs

Alexis de Tocqueville (1805-1859)

Alexis de Tocqueville, monarchiste et libéral, fait des études de droit avant d’être nommé juge au tribunal de Versailles, puis plus tard député et ministre. En 1831, il part en mission officielle étudier le système pénitentiaire américain, où il y analyse les débuts de la démocratie, thème de son grand ouvrage De la démocratie en Amérique.

Tocqueville revient des Etats-Unis avec la conviction que la principale caractéristique de la démocratie est le mouvement d’égalisation des conditions. Ce processus repose sur le principe d’égalité : égalité des droits puisqu’il n’y a plus de distinctions héréditaires et que la mobilité sociale devient possible en fonction des mérites et des talents de chacun. Egalité de fait, car la démocratie suppose une tendance à l’égalisation des niveaux et à l’uniformisation des modes de vie. Selon l’auteur, la « passion pour l’égalité » anime les peuples démocratiques : si les situations sociales peuvent être inégalitaires dans les faits, les citoyens se pensent et se représentent comme égaux. Le goût pour le bien-être matériel qui se développe en démocratie tend à la constitution d’une vaste classe moyenne, où la hiérarchie sociale est moins fortement marquée, et les individus, foncièrement conservateurs, sont davantage préoccupés par la réussite économique que par des mouvements révolutionnaires qui mettraient en péril leur amélioration de leur statut.

La société démocratique présente néanmoins des dérives potentielles comme la tyrannie de la majorité ou la montée de l’individualisme s’accompagnant d’un désintérêt des citoyens pour la chose publique pouvant mener à un Etat despotique.

 

Karl Marx (1818-1883)

Karl Marx est un économiste et philosophe allemand considéré comme un des grands penseurs du XIXe siècle. Son œuvre, immense, comprend des écrits sociologiques, économiques, historiques et politiques. Son objectif est de chercher à comprendre le fonctionnement du système capitaliste et à dénoncer ses effets pervers.

Selon lui, la valeur d’un bien dépend de la quantité de travail nécessaire pour produire ce bien. Il est donc un théoricien de la valeur travail. La force de travail est pour Marx un bien comme un autre. La différence entre la valeur de la force de travail et la valeur des produits résultant du travail accompli correspond à la plus-value que s’accaparent les propriétaires dans le cadre d’un processus d’exploitation.

Marx prédit la fin du capitalisme en raison de la baisse tendancielle du taux de profit (part de la plus-value dans le capital) engendrée par la substitution du capital au travail. La mécanisation, en abaissant la part du travail, a pour conséquence une baisse de la plus-value dont celui-ci est à l’origine. Ce phénomène peut être compensé à court-terme par une baisse des salaires et une intensification du travail.

Selon Marx, le changement social, dans toutes les sociétés, est le produit de la lutte des classes. Dans le système capitaliste, la lutte entre bourgeois et prolétaires est le fruit d’intérêts divergents en raison de la structure économique même. La classe bourgeoise, en déterminant les idées dominantes qui légitiment le système en place, participe à la reproduction de celui-ci.

 

Emile Durkheim (1858-1917)

L’œuvre de Durkheim, considéré comme un des pères de la sociologie, repose sur la volonté de donner un objet propre à la sociologie, les faits sociaux, et une démarche spécifique pour en faire une science autonome et institutionnalisée. Il fut fortement impliqué dans les débats publics de son temps (affaire Dreyfus ; militant pour la République et la laïcité).

Selon Durkheim, la sociologie doit se définir par son objet, le fait social, qu’il définit comme « l’ensemble des manières d’agir, de penser et de sentir, extérieures à l’individu » et qui s’imposent à lui. Son travail s’inscrit dans la tradition du holisme méthodologique. Le sociologue doit, de plus porter une attention particulière aux prénotions, qu’il doit évacuer. Il privilégie la méthode des variations concomitantes afin de construire des explications causales des faits sociaux (relation entre le taux de suicide et l’âge par exemple).

La problématique de son œuvre est celle du lien social, ou comment les hommes forment-ils une société. Il analyse notamment dans De la division du travail social la transformation du lien social, reposant sur une solidarité mécanique dans les sociétés traditionnelles et sur une solidarité organique dans les sociétés industrielles. Dans ces dernières, la division du travail crée du lien social dans une situation normale. Cependant, lorsque les règles deviennent inadaptées ou insuffisantes, se développe alors un phénomène d’anomie, pouvant expliquer par exemple certaines catégories de suicides.

 

Max Weber (1864-1920)

Comme Emile Durkheim, Max Weber est considéré comme un des pères de la sociologie et a largement participé à l’institutionnalisation de sa discipline en Allemagne.

M.Weber définit la sociologie comme « une science qui se propose de comprendre par interprétation l’activité sociale et par là d’expliquer causalement son déroulement et ses effets ». Le sociologue doit expliquer un phénomène en rendant compte des actions individuelles qui en sont à l’origine. Weber s’inscrit donc dans la perspective de l’individualisme méthodologique. Afin de rendre compte scientifiquement de la réalité, il mobilise le concept d’idéal-type. Ce dernier consiste à accentuer certains traits caractéristiques d’un phénomène social afin de livrer un prisme permettant sa lecture et sa compréhension. Par exemple, la légitimité de la domination repose sur trois idéaux-types : un caractère légal, traditionnel ou charismatique.

Weber montre que le processus de rationalisation des activités prend de plus en plus d’ampleur dans les sociétés modernes. Ainsi, la science fait reculer les discours religieux ou magiques, les entreprises rationalisent leur production (Tayloro-fordisme) et les organisations reposent largement sur la bureaucratie.

Son étude du système capitaliste lui permet de mettre en avant des affinités électives entre l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme. Les comportements des protestants calvinistes sont particulièrement bien adaptés à l’essor de l’esprit du capitalisme.

 

Erwing Goffman (1922-1982)

E.Goffman est né au canada. Il appartient à la seconde école de Chicago dans laquelle il a joué un rôle important dans le développement du courant interactionniste.

L’auteur se centre dans ses ouvrages sur l’étude de cas particuliers, privilégiant l’enquête de terrain, et plus précisément l’observation participante. Par exemple, il n’hésite pas à endosser le rôle d’un assistant du directeur d’un asile afin de comprendre le fonctionnement de cette institution qu’il qualifiera de « totalitaire » car elle tente de prendre en charge toutes les dimensions de l’existence de ses membres.

Il part d’un ordre social, ensemble de normes et de sanctions sociales, intégré et adapté par les individus, et il tente de décrire les relations de face à face, ou interactions, dans la vie quotidienne. L’interaction ne constitue pas une simple transposition de l’ordre global, mais bien un ordre particulier, en raison de la réinterprétation des normes que celle-ci implique. Reprenant des termes issus du théâtre et du cinéma, il considère l’interaction comme une dramaturgie où les acteurs se comprennent grâce à des rites qui guident l’action. Lors d’une interaction, chaque acteur tente de caractériser l’autre de manière à le rendre « typique » pour l’identifier. Une caractéristique devient un stigmate lorsqu’une différence (difformité corporelle, position dans la stratification sociale) se transforme en inégalité, induisant une relation entre un individu « normal » et un « handicapé » discrédité socialement.

 

Howard Becker (1928- )

H.Becker, sociologue américain, est avec E.Goffman un des principaux animateurs de la théorie interactionniste. Il privilégie donc l’observation de terrain et accorde une importance particulière à l’étude de la déviance.

L’auteur définit la sociologie comme « l’étude de la manière dont les gens font les choses ensemble ». C’est donc dans l’interaction que les individus définissent la situation dans laquelle ils sont engagés. En tant que sociologue de la seconde école de Chicago, il pense que le contrôle social s’exerce au-delà des comportements de crime et de délinquance et concerne des pratiques telles l’alcoolisme, la consommation de drogue ou l’appartenance à un mouvement musical. L’individu n’est pas déviant par essence (son action ne peut se réduire à une transgression des normes), mais est désigné comme tel dans l’interaction.

La probabilité d’être étiqueté avec succès comme déviant est plus importante si l’individu appartient à une contre-culture, sous-culture s’opposant à la culture dominante. La reconnaissance de l’étiquette « déviant » résulte d’un processus en plusieurs étapes partant de la transgression de la norme (fumer de la majijuana par exemple) et qui se transforme en spirale de la déviance dans laquelle chaque acte (comme la fréquentation d’autres fumeurs) renforce son étiquette et participe au rejet des différents contrôles sociaux par le « déviant ».

 

Pierre Bourdieu (1930-2002)

Pierre Bourdieu a eu une influence majeure sur la sociologie, particulièrement française. Il forge des concepts qui seront largement repris (le champ social, l’habitus, ...) et étudie plusieurs domaines comme la culture ou l’école. De plus, il a produit des travaux importants  portant sur la démarche scientifique en sociologie.

Selon lui, la société est constituée de champs dans lesquels se déroule une activité sociale donnée. Il existe dans chaque champ une lutte entre des groupes pour définir les ressources socialement valorisées (diplômes grandes écoles par exemple). Si le groupe dominant remporte la lutte de classement, celle-ci est cachée (les groupes dominés intériorisent le fait que la réussite scolaire provient du mérite personnel, niant l’importance de l’héritage dans les inégalités). Si le sociologue doit éviter de porter des jugements de valeur, il permet néanmoins de dévoiler les rapports de domination.

L’habitus individuel correspond à un ensemble de manière de faire et de penser qui permet aux individus de se comporter « naturellement » dans l’espace social. Les différents groupes ont des habitus individuels différents, ce qui génère des pratiques diverses et hiérarchisées (valorisation de l’écoute de la musique classique attachée aux groupes dominants).

 

Raymond Boudon (1934-2013)

Raymond Boudon est considéré comme l’un des plus grands sociologues français de la seconde moitié du XXe siècle. Ses principaux thèmes de recherche portent sur les questions de sociologie de l’éducation, ainsi que sur la sociologie de la connaissance et les idéologies.

Il est le principal représentant en France de l’individualisme méthodologique selon lequel tout phénomène social doit être analysé comme l’agrégation d’actions individuelles. Le sociologue doit reconstruire les motivations des individus pour comprendre un phénomène social. En toutes circonstances, l’individu est considéré comme un acteur rationnel qui tente de maximiser son intérêt, cette conception rappelant celle des économistes néoclassiques.

Selon Raymond Boudon, la rigueur en sciences sociales implique l’application du principe des choix rationnels et il a ainsi montré que les pères fondateurs de la sociologie ont mobilisé l’individualisme méthodologique dans leurs écrits (Weber, Durkheim, Tocqueville).

Appliquant la méthodologie individualiste au domaine scolaire, cela lui permet de comprendre la persistance des inégalités. Ainsi, les diverses contraintes (en termes de temps, d’argent) qui pèsent sur les classes sociales expliquent les choix différents que celles-ci effectuent dans la poursuite ou non des études.

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