cours de Classe Préparatoire

10. Les déséquilibres macroéconomiques et financiers

Description:

Mécanismes et concepts

Déflation par la dette : c’est une explication de la déflation développée par Irving Fisher dans les années 1930. Ce cercle vicieux commence par une situation d’endettement des agents économiques. Une détérioration de l’activité économique, ou un niveau beaucoup trop élevé de dette, pousse au remboursement de la dette. Pour rembourser, les agents vendent les actifs qui sont en leur possession (actifs immobiliers ou boursiers par exemple). Comme les agents sont nombreux à être endettés, les ventes sont nombreuses et les prix des actifs baissent sur les marchés. Cette chute de la valeur des actifs accroît les difficultés de remboursement, ce qui rend ce remboursement plus pressant. Pour rembourser, il faut vendre les actifs… Cette analyse a inspiré celle de Minsky.

Effet d’encaisses réelles (ou effet Pigou) : Arthur Cecil Pigou part de l’hypothèse selon laquelle les investisseurs cherchent avant tout à maintenir la valeur de leur portefeuille d’actifs. En cas de baisse des prix ou des taux d’intérêt, la valeur réelle de leurs actifs (ou encaisses) augmente. Le surplus dégagé stimule la consommation. A l’inverse, l’inflation diminue la valeur des actifs et a tendance à déprimer la consommation. Cet argument s’oppose à la théorie keynésienne en posant le fait qu’au niveau macroéconomique, il y a des forces rééquilibrantes en cas d’évolution des prix.

Halo du chômage : il y a des personnes qui sont à la frontière entre inactivité et chômage, ce sont notamment les inactifs qui recherchent un emploi mais ne sont pas disponibles pour travailler (il faut qu’ils puissent prendre un emploi dans les deux semaines pour être comptés parmi les chômeurs), soit parce qu’ils sont en formation, soit parce qu’ils ont été placés en pré-retraite (situation de plus en plus rare), soit parce qu’ils sont découragés et ne cherchent plus réellement d’emploi. De la même façon, la frontière entre emploi et chômage est parfois un peu floue : certains ne sont pas comptés comme chômeurs parce qu’ils ont travaillé un peu (quelques heures sur un emploi précaire) qu’ils ont un temps partiel « subi ». Ces personnes sont pourtant à la recherche d’un (autre) emploi.

Modèle néoclassique du marché du travail : les auteurs néoclassiques présentent la relation salariale comme une relation marchande entre offreurs et demandeurs. Les offreurs de travail sont les salariés et les demandeurs sont les entrepreneurs. L’offre et la demande dépendent du taux de salaire réel. Les demandeurs de travail font un arbitrage entre consommation et loisir et le travail permet d’obtenir des biens et services pour la consommation. Les entrepreneurs embauchent des salariés tant que la productivité marginale d’un nouveau salarié est supérieure au salaire. Ce modèle postule l’existence d’un taux de salaire d’équilibre, pour lequel l’offre et la demande de travail sont égales. Les salariés qui n’étaient pas prêts à travailler pour un salaire de ce niveau se retirent du marché du travail. Le chômage est toujours « volontaire » et ne peut alors provenir que d’une rigidité du salaire qui l’empêche d’atteindre ce niveau d’équilibre. Ces rigidités peuvent provenir de l’existence d’un salaire minimum établi à un niveau « trop » élevé, qui crée une situation de rationnement sur le marché du travail. Elles peuvent provenir également de l’assurance chômage qui incite les salariés à ne pas accepter une offre d’emploi qui leur assure un salaire inférieur à l’assurance chômage. Selon la théorie du « salaire d’efficience », le salaire se fixe à un niveau plus élevé que le salaire d’équilibre pour inciter le salarié à l’effort ou pour éviter la rotation de la main-d’œuvre.

NAIRU (non accelerating inflation rate of unemployement) : c’est le taux de chômage pour lequel il n’y a pas d’accélération de l’inflation. Il correspond au taux de chômage « naturel » mis en avant par Friedman dans son analyse de la courbe de Philips : c’est le taux de chômage qui prévaut quand la hausse des prix est constante. Une diminution de ce chômage sur le court terme aura tendance à accélérer l’inflation. Le niveau du NAIRU dépend des pays et des périodes. Pour le diminuer, il faut agir sur les structures de l’économie : efficacité du marché du travail, augmentation de la productivité, diminution de la fiscalité…

« Run » bancaire : phénomène de panique bancaire. Les déposants « courent » au guichet pour retirer leurs fonds s’ils craignent une faillite de la banque. L’afflux de clients met la banque en difficulté car ses fonds propres ne sont pas forcément suffisants pour faire face aux demandes de ses clients. Les clients cherchent à convertir leurs avoirs en monnaie scripturale en monnaie fiduciaire ou divisionnaire (billets et pièces) qui peut être placés dans d’autres banques ou gardée en réserve. Les retraits des premiers clients peuvent être assurés car la banque dispose de fonds propres et de dépôts mais tous les clients ne peuvent retrouver leurs fonds. L’enjeu pour la banque est donc d’éviter le « run » en faisant penser qu’elle est capable de faire face à ses obligations. Pour les clients, il risque d’y avoir une véritable course car il faut être parmi les premiers pour revoir ses fonds. Pour éviter ces phénomènes de run, les banques sont contraintes de disposer de fonds propres. Il existe aussi une garantie publique des fonds.

Théorie quantitative de la monnaie : au XVIème siècle, Jean Bodin explique « l’enrichissement de toutes choses » par l’évolution de la quantité de monnaie en circulation. Selon lui, il y a de l’inflation quand la quantité de monnaie en circulation dans le pays augmente : la monnaie en circulation fait que les consommateurs sont prêts à payer plus cher les mêmes produits et les prix augmentent. Cette théorie est à l’origine de ce qu’on appelle la « théorie quantitative de la monnaie », formalisée notamment par Irving Fisher. Selon cette théorie, il y a une relation entre la quantité de monnaie en circulation et le niveau général des prix. Si on écrit M la quantité de monnaie en circulation, P le niveau des prix, V la vitesse de circulation de la monnaie et T le volume des transactions, on peut écrire :

MV = PT.

La vitesse de circulation de la monnaie est généralement considérée comme stable à court terme (il est admis qu’elle diminue en période de crise), le volume des transactions n’évolue pas quand l’économie est en plein emploi. Dans ce cas, qui est considéré comme le cas « normal » de l’économie par les libéraux, une augmentation de la quantité de monnaie en circulation dans l’économie conduit à une variation proportionnelle du niveau des prix. Dans cette théorie, la quantité de monnaie en circulation est un élément exogène à l’économie : elle dépend de la quantité de métaux précieux dans l’économie (dans le cas, par exemple, d’un étalon-or) ou bien de la création monétaire par la Banque Centrale.

Étude de l’institut de l’entreprise

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