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Mécanismes et concepts

Le Produit Intérieur Brut (PIB).

Le PIB est une construction statistique qui vise à comptabiliser la valeur des richesses produites à partir du concept de « valeur ajoutée ». Lorsqu’un agent économique paye des éléments nécessaires à la production (les consommations intermédiaires), et qu’il les transforme (ou les détruit, les combine, etc.), il y ajoute de la valeur. Pour la retrouver, il faut donc partir de la valeur du bien final vendu sur un marché, et en retrancher la valeur des consommations intermédiaires. On obtient ainsi la valeur ajoutée.

Bien évidemment, cette opération calculée par l’INSEE est plus compliquée dans la réalité. Car en toute rigueur, le PIB se calcule en retirant de la valeur ajoutée les consommations intermédiaires, mais également en ajoutant les impôts (essentiellement TVA et TIPP) sur les produits et en retranchant les subventions sur les produits (subventions versées par unité produite.

Au-delà de ce calcul, simple ou compliqué, il faut se demander ce que signifie le PIB. Tout d’abord, il ne mesure pas le bien-être, et il n’a pas été construit pour cela. Assimiler PIB et bien-être est largement abusif, même si on peut estimer que ces deux termes soient corrélés. Le PIB a plutôt été conçu pour mesurer la production. Le problème, c’est de limiter le périmètre de la production : les activités des ménages relèvent-t-elles de la production ? Avoir un potager, c’est produire des richesses, réaliser un repas également, éduquer ses enfants aussi… Les statisticiens ont décidé de ne pas comptabiliser la production domestique. On comptabilise donc la production des entreprises (donc y compris les entreprises individuelles), des administrations publiques, et des associations.

Mais vient un deuxième problème : comment comptabiliser la production non marchande ? Car le PIB a été construit pour mesurer la production marchande (via le prix de marché du produit vendu). La solution est de calculer la valeur de celle-ci à partir du coût de production. Ainsi, la valeur des services rendus par la Police nationale est égale à son coût de production.

Comme on le voit, la construction du PIB est une affaire de conventions statistiques qui peuvent être largement (et qui sont d’ailleurs) critiquées. Néanmoins, elles ont le mérite d’exister et permettent malgré tout de disposer d’un outil, tout imparfait qu’il puisse être. On peut en tirer un enseignement : le PIB est une construction statistique, mais aussi une construction sociale qui révèle beaucoup des conceptions des statisticiens.

 

La théorie quantitative de la monnaie.

La théorie quantitative de la monnaie est très ancienne, certains discernent sa naissance au Moyen-âge. Sans remonter jusque là, il faut remarquer qu’elle émerge réellement à partir du XVIe siècle sous la plume de Jean Bodin, qui trace un parallèle entre l’arrivée de métaux précieux en provenance des colonies espagnoles et portugaises d’Amérique latine, et la hausse des prix en Europe. Mais il n’ira pas jusqu’à en donner des explications théoriques. Les économistes classiques vont y adhérer sans réserve, en développant ces explications théoriques : lorsque la quantité de monnaie croît, elle ne permet pas d’acheter plus de biens, car dans le même temps, les prix augmentent parallèlement. Moyennant quoi, la monnaie est neutre : elle n’a aucun effet réel. Il est dès lors inutile de créer davantage de monnaie pour favoriser la création de richesses.

C’est Irving Fisher qui donnera un contenu moderne à cette théorie, à l’aide de l’équation des transactions, selon laquelle :

M.V = P.T avec :

M : quantité de monnaie en circulation ;

V : vitesse de circulation de la monnaie ;

P : niveau des prix ;

T : volume des transactions.

Cette équation n’est rien qu’une évidence : l’ensemble et la fréquence des signes monétaires utilisés servent à acheter les produits à leur prix… Rien que de très banal, mais Fisher va ajouter des éléments importants : puisque V et T sont stables à long terme, alors nécessairement, lorsque M augmente, P augmente dans les mêmes proportions. Par conséquent, la création monétaire provoque de l’inflation, et la monnaie est bien neutre.

 

La division du travail.

La division du travail est souvent perçue comme une source importante d’efficacité, au moins depuis les philosophes antiques. Mais Adam Smith va mettre en avant de manière rigoureuse les raisons pour lesquelles la division du travail est efficace. Pour cela, il va même utiliser un exemple qu’il reprend dans l’Encyclopédie, l’exemple célèbre de la manufacture d’épingles. Il décrit les différentes étapes de la production, et compare la production d’épingles d’un homme seul qui ne spécialise absolument pas les tâches, et un atelier de dix travailleurs. Dans le premier cas, à peine vingt épingles seraient produites selon Smith, alors que dans le second, quarante huit mille seront réalisées, soit quatre mille huit cents par travailleur. Evidemment, la productivité est beaucoup plus grande dans ce second cas.

Les raisons qui expliquent ce phénomène sont simples pour Smith : d’une part, les travailleurs sont spécialisés, et donc gagnent en habileté, ce qui les rend plus rapides ; la spécialisation évite les changements de tâches, et donc ce gain de temps permet d’être plus efficace ; enfin, il est possible, dans un atelier qui ne produit que des épingles, d’introduire des machines (ou outils) spécialisées, ce qui ne l’est pas pour un travailleur qui ne produirait que vingt épingles par jour (ce ne serait pas rentable). La combinaison de ces trois facteurs permet des gains de productivité conséquents.

Cette division du travail permet une baisse des coûts de production, et donc des prix, ce qui favorise une augmentation de la taille du marché (la demande augmente). Mais parallèlement, c’est parce que la taille du marché augmente qu’il devient possible de se spécialiser (sinon, il n’y a aucun intérêt à produire une quantité beaucoup plus importante).

C’est à partir de ce principe que Smith ainsi que Ricardo justifient le libre-échange : en ouvrant les frontières, le marché s’élargit, et il devient possible de se spécialiser, en fonction des avantages (absolus ou relatifs), en abandonnant les productions pour lesquelles on dispose plutôt d’un désavantage. Cela permet, in fine, de produire de manière plus efficace.

D’autres économistes ont cherché à appliquer cette analyse à d’autres domaines, comme le couple (c’est le cas de l’économiste Gary Becker) : former un couple est plus intéressant que rester seul, dans la mesure où la spécialisation des membres du couple permet de gagner en efficacité par rapport au célibat.

 

Les rendements décroissants/constants/croissants.

Le premier économiste à pendre en compte les rendements décroissants est l’économiste (et homme politique, équivalent du Ministre des Finances de Louis XVI) Anne Robert Jacques Turgot (1727-1781). Cet économiste proche des physiocrates a une vision souvent très moderne. Il va ainsi montrer que lorsque l’on ajoute successivement une certaine quantité de facteurs de production sur une terre pour l’exploiter et voir la production augmenter, chaque dose de facteurs de production supplémentaire (on dirait la productivité marginale aujourd’hui) permet une production supplémentaire, mais de plus en plus faible. Autrement dit, les rendements marginaux sont décroissants. Turgot s’intéresse aux rendements intensifs, alors que les classiques, qui s’inspireront de lui, prennent en compte les rendements extensifs : ils préfèrent montrer que la mise en culture de nouvelles terres, moins fertiles, aboutissent à l’idée que la terre à des rendements décroissants lorsqu’on étend la surface cultivée.

Cette idée de rendements décroissants sera reprise par les néoclassiques par la suite, et elle est au cœur de l’analyse microéconomique, permettant des calculs mathématiques simples. Cela permettra par la suite des analyses fondamentales, comme la théorie de la croissance de Solow, qui repose sur les rendements décroissants.

Ceci dit, de plus en plus, les économistes s’intéressent aux rendements croissants : il arrive que la production augmente plus vite que les moyens mis en œuvre pour produire. Cela donne lieu d’ailleurs à un renouvellement important des théories économiques. C’est notamment le cas dans les Nouvelles théories du commerce internationale, initiées par Paul Krugman.

Il convient ici de distinguer les rendements d’échelle des rendements factoriels : dans le premier cas, on s’intéresse à l’effet d’une variation de tous les facteurs de production simultanément, et dans le second, on s’intéresse à la variation de la quantité d’un seul facteur de production.

Étude de l’institut de l’entreprise

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